GUIDE DE LA CORSE

La Corse de nos jours


La Corse véhicule une image double à travers le monde. Île de beauté, terre de senteurs et de richesses, elle fait souvent la une des journaux nationaux pour son actualité tumultueuse et complexe à analyser. Le peuple corse, montagnard et fier, a longtemps vécu en autarcie, tirant sa force des ressources naturelles de l’île. Aujourd’hui la Corse est vivante, ouverte et agréable : le visiteur comme l’habitant le savent, la Corse séduit par ses paradoxes comme par ses richesses.

 

La vie économique et politique

Malgré une réputation de fille agitée de la République, la Corse a toujours su séduire les visiteurs. Destination touristique prisée des Anglais dès le XIXe siècle, elle charme par la diversité de ses sites, les activités qu’elle propose et son climat particulièrement clément. De ce fait, l’industrie touristique se développe doucement, préférant la qualité d’accueil à la quantité de visiteurs et la Corse s’impose peu à peu comme une destination privilégiée des familles et des amateurs de nature. Secteur porteur malgré une forte saisonnalité, le tourisme permet aujourd’hui le maintien de nombre d’activités. La Corse accueille, chaque année, environ 2 millions de visiteurs, essentiellement d’avril à octobre, la haute saison se concentrant en juillet-août. Le secteur touristique est, à cette époque, créateur de nombreux emplois saisonniers.

L’agriculture et l’élevage sont des secteurs préservés, moins parce qu’ils sont compétitifs que parce qu’ils sont porteurs de fortes traditions. L’élevage est spécialisé dans les porcs destinés à la fameuse charcuterie corse, les chèvres et brebis pour confectionner les fromages, ainsi que les bovins pour le veau corse à la chair d’une grande finesse. L’agriculture se tourne quant à elle vers une production locale de fruits et légumes ainsi qu’une production en partie exportée, telle que les clémentines et kiwis. L’exploitation de l’olive, la châtaigne, ou encore la viticulture et l’apiculture permettent l’élaboration de produits « identitaires » de qualité.

La Corse compte aujourd’hui 260 000 habitants, soit une densité de 30 habitants au km2, une des plus faibles d’Europe. Cette moyenne doit être cependant relativisée, étant donné le caractère très montagneux de l’île. La population se concentre sur le littoral, les villes d’Ajaccio et Bastia en regroupant à elles seules la moitié. Avec un PNB par habitant qui est un des moins élevés de France, un taux de chômage important et une forte précarité, la Corse est souvent considérée comme une région en retard de développement. Il n’en reste pas moins que, d’un point de vue statistique, elle présente des caractéristiques assez étonnantes, notamment en matière de taux d’équipements (téléphone, voitures, télévisions, …) supérieurs à la moyenne des autres régions. L’aide sociale importante explique, en grande partie, ce paradoxe.

Administrativement, la Corse est divisée en deux départements : la Corse-du-Sud (préfecture : Ajaccio) et la Haute-Corse (préfecture : Bastia). Par ailleurs, le statut particulier de 1991 érige l’île en Collectivité Territoriale : l’Assemblée de Corse qui siège à Ajaccio et compte 51 membres, jouit de compétences et de pouvoirs étendus dans les domaines du développement économique, social et culturel, en matière d’éducation et d’aménagement du territoire. Toutes les sensibilités politiques y sont représentées. La Collectivité est dirigée par le Conseil Exécutif de Corse, dont les membres (un président et six conseillers) sont élus en son sein par l’Assemblée Territoriale. Les Conseillers Exécutifs président aux 6 agences et offices spécialisés (tourisme, transport, développement économique, agriculture, environnement, hydraulique). Avec 360 communes, 2 départements, une Assemblée et un exécutif territorial, la Corse, par rapport à sa population, est certainement sur-administrée. Cependant, consultée par référendum sur la suppression des conseils généraux, l’île a voté majoritairement pour le statu quo.

La vie sociale et culturelle

La vie en Corse a radicalement changé au cours du siècle dernier. Elle a fait son entrée dans l’ère moderne d’une manière un peu rapide. La modernité véhiculée par la langue et la culture françaises a sonné le glas de bien des traditions. On ne regrettera pas la Vendetta qui décimait des familles entières, mais peut-être l’émotion des lamentations funèbres, la tradition des sérénades ou encore la transmission orale des chants, des légendes et du savoir. Cependant, la religion reste toujours au cœur de l’île. Dans de nombreux villages, des confréries organisent les Jeudi et Vendredi-Saint, des processions de pénitents défilant cagoulés, la croix du Christ à bout de bras. Les curés font toujours la tournée des maisons pour les bénir, accompagnés des enfants de chœur. Et aujourd’hui encore, les rîtes religieux restent vivaces, en particulier lorsqu’ils sont en rapport avec la mort.

La vie sociale corse est organisée, si ce n’est autour du clan, autour de la famille. C’est la structure fondamentale de la société corse, héritage direct de son histoire. Un devoir de fidélité, de solidarité et de protection entre membres d’une même famille se transmet ainsi de génération en génération. L’amitié est une autre tradition sacrée dans l’île. Dans la culture corse, l’ami est presque un membre de la famille et, sauf en de rares occasions, reçoit les mêmes égards qu’un proche cousin. On reconnaît ici les traits communs à nombre de cultures méditerranéennes et insulaires, où un homme se définit par sa famille, son honneur et ses amis.

La Corse a inspiré écrivains et philosophes. Jean-Jacques Rousseau a rédigé pour elle une constitution. Des écrivains anglais s’y sont intéressés. Alexandre Dumas, Guy de Maupassant, Mérimée chantent dans leurs oeuvres la beauté de l’île. Aujourd’hui la corse compte des romanciers renommés comme Angelo Rinaldi ou Marie Susini. La musique occupe le devant de la scène et les groupes ne cessent de se former, rencontrant un succès grandissant. La cetera, ancien instrument à 16 cordes donnant un son proche de la guitare, revient peu à peu au goût du jour dans l’île. Le théâtre en langue corse ou française se développe sous l’impulsion de compagnies actives. Le goût des autres se ressent aussi dans la création de nombreux festivals de films italiens, espagnols, japonais, méditerranéens… De même, les musées prennent une nouvelle importance ; certains sont en cours de réhabilitation, d’autres fonctionnent à merveille.

La ville d’Ajaccio est dotée d’un musée de peintures italiennes, offertes pour la plupart par le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, d’une bibliothèque et d’un théâtre municipaux. Plusieurs compagnies théâtrales sont conventionnées. Bastia est pourvue d’un théâtre, d’un centre culturel très actif et d’une bibliothèque municipale. Le FRAC Corse, dont la collection fut détruite lors d’un incendie, reconstitue son fonds d’art contemporain. Porto-Vecchio a donné naissance à la cinémathèque de Corse. Corte vit autour de son université, de sa citadelle historique et du Musée de la Corse.